Mai 2024# 212

Ce mois-ci

Le coucher du Soleil sous l’Arc de Triomphe du 7 au 9 mai 2024

Coucher de Soleil sous l’Arc de Triomphe le 9 mai 2019
Coucher de Soleil sous l’Arc de Triomphe le 9 mai 2019. Crédits J. Desmars

Du 7 au 9 mai, la trajectoire apparente du Soleil croisera la direction de l’Arc de Triomphe. Cet événement régulier est toujours une surprise pour les curieux et un défi pour les photographes (qui sont invités à envoyer leurs photos pour publication ici !).

Les heures et les instants d’observations diffèrent en fonction des lieux. Nous reviendrons ici sur les Champs-Élysées et la place de la Concorde.

Depuis les Champs-Élysées

Le 7 mai, le bas du Soleil sera sous l’horizon. Le 8 mai, le centre du Soleil sera sous le centre de l’arrondi de l’arche, et on devrait avoir un Soleil un peu bas sous l’arche. Enfin, le 9 mai, il sera plus proche du centre de l’arche, et on devrait avoir un Soleil situé presque parfaitement dans l’arrondi de l’arche. Le 10 mai, on ne verra qu’une faible partie du bord inférieur du Soleil.

Le tableau suivant donne les jours et les heures de visibilité du phénomène (en Temps légal français).

Jour Instant du coucher
du centre du Soleil
Période où le centre
du Soleil passe par
l’axe de l’arche
Variation de la hauteur
du centre du Soleil
durant cette période
7 mai 2024 21 h 07 min 01 s 21 h 05 min 37 s à 21 h 05 min 57 s 10′ 55″ à 08′ 19″
8 mai 2024 21 h 08 min 24 s 21 h 04 min 41 s à 21 h 05 min 01 s 29′ 8″ à 26′ 29″
9 mai 2024 21 h 09 min 47 s 21 h 03 min 46 s à 21 h 04 min 08 s 47′ 22″ à 44′ 41″″

Depuis la construction de la Grande Arche à La Défense, l’horizon n’est plus dégagé lorsque l’on regarde dans l’axe de l’Arc de Triomphe depuis les Champs-Élysées. Une barre horizontale, correspondant au sommet de la Grande Arche, est visible sous l’arche de l’Arc de Triomphe et masque une partie du Soleil couchant. Plus on s’approche de l’Arc, plus le sommet de la Grande Arche est haut sur l’horizon et plus le diamètre apparent de l’arche augmente, alors que le diamètre apparent du Soleil reste constant.

Nous sommes en mai, le Soleil se couche donc chaque jour de plus en plus tard et son azimut se déplace vers le nord-ouest. La trajectoire du centre du Soleil dans la direction du centre de l’arche évolue ainsi du bas vers le haut de l’arche, et la période de visibilité en un lieu donné évolue positivement.

Depuis le rond-point des Champs-Élysées, le diamètre de l’arche est vu sous un angle apparent de 33,6′ : le diamètre solaire est quasi identique à cette valeur. C’est donc la position idéale pour photographier le Soleil sous l’arche. Ces calculs sont des prévisions qui tiennent compte de la réfraction atmosphérique et du dénivellement entre un observateur situé au rond-point des Champs-Élysées (au centre de l’avenue) dans l’axe de l’Arc de Triomphe. Une variation même minime avec cet axe peut induire des différences notables dans l’azimut du Soleil (un mètre à droite ou à gauche change l’azimut d’environ 2,32′) et des différences de temps de quelques dizaines de secondes sur les prévisions. De nouveau, si vous vous déplacez vers la gauche de l’axe, le décalage de temps est négatif, et si vous vous déplacez vers la droite de l’axe, le décalage de temps se fait positivement.

Depuis la place de la Concorde

Le 6 mai, le centre du Soleil est un peu trop bas et le bord inférieur du Soleil est sous l’horizon. Le 7 mai est le meilleur jour pour ce lieu, car le Soleil se trouve entièrement sous l’arche. Le 8 mai, le Soleil est beaucoup trop haut et une grande partie du Soleil est cachée par le haut de l’Arc de Triomphe.

Le tableau suivant donne les jours et les heures de visibilité du phénomène (en Temps légal français).

Jour Instant du coucher
du centre du Soleil
Période où le centre
du Soleil passe par
l’axe de l’arche
Variation de la hauteur
du centre du Soleil
durant cette période
6 mai 2024 21 h 07 min 35 s 21 h 06 min 33 s à 21 h 06 min 53 s 07′ 49″ à 05′ 16″
7 mai 2024 21 h 08 min 59 s 21 h 05 min 35 s à 21 h 05 min 55 s 26′ 05″ à 23′ 29″
8 mai 2024 21 h 10 min 23 s 21 h 04 min 39 s à 21 h 04 min 59 s 44′ 18″ à 41′ 39″

Depuis la place de la Concorde, le diamètre de l’arche est vu sous un angle apparent de 23,6′ : le diamètre solaire est toujours plus important que cette valeur. Le Soleil ne sera donc jamais entier sous l’arche. Ces calculs sont des prévisions qui tiennent compte de la réfraction atmosphérique et du dénivellement entre un observateur situé place de la Concorde (au pied de l’obélisque) dans l’axe de l’Arc de Triomphe. Une variation même minime avec cet axe peut induire des différences notables dans l’azimut du Soleil (un mètre à droite ou à gauche change l’azimut d’environ 1,63′) et des différences de temps de quelques dizaines de secondes sur les prévisions. Si vous vous déplacez vers la gauche de l’axe, le décalage de temps est négatif et si vous vous déplacez vers la droite de l’axe, le décalage de temps se fait positivement.

Attention ! Si le Soleil à son coucher vous éblouit, ne le regardez pas directement, c’est qu’il est encore trop haut sur l’horizon.

Dans ce cas, évitez de le photographier sans filtre, vous risquez d’endommager votre appareil photo et votre vue si vous utilisez un appareil à visée reflex.

Attention aussi aux voitures qui circulent très près des piétons, même sur l’axe où vous êtes souvent nombreux lors de ces évènements !

La lumière cendrée de la Lune les 11 et 12 mai

Lumière cendrée photographiée au crépuscule du soir du 2 juillet 2022 depuis Saint-Nazaire
Lumière cendrée photographiée au crépuscule du soir du 2 juillet 2022 depuis Saint-Nazaire. Crédits J. Normand

Notre satellite naturel, la Lune, sera au centre de notre attention en ce mois de mai 2024. Presque en milieu de mois, peu après la nouvelle lune qui aura lieu le 8 mai à 5 h 24 TLF, il sera possible d’observer un magnifique phénomène céleste dénommé lumière cendrée.

De quoi s’agit-il ?

Chaque mois, quelques jours avant la nouvelle lune, le matin, ou quelques jours après cette dernière, le soir, lorsque celle-ci ne montre qu’un très fin croissant, tout observateur pourra remarquer que le reste du disque lunaire pourtant non éclairé par le Soleil est visible, même si bien plus faible que le fin croissant brillant. C’est cette partie de la Lune faiblement éclairée et qui montre une belle couleur argentée que l’on nomme la lumière cendrée.

Lumière cendrée photographiée au crépuscule du matin du 11 octobre 2023 depuis le Lavandou
Lumière cendrée photographiée au crépuscule du matin du 11 octobre 2023 depuis le Lavandou. Crédits J. Normand

Mais à quoi est dû ce phénomène ?

Rappelons, pour nous éclairer, quelques éléments de mécanique céleste. La Lune tourne autour de la Terre en environ 28 jours. Les phases lunaires se reproduisent en moyenne tous les 29,53 jours. Lorsqu’elle est en nouvelle lune, elle passe entre le Soleil et la Terre, soit, en projection, au-dessus ou en dessous du Soleil. Si par chance, les trois astres sont presque parfaitement alignés, alors la Lune masque le Soleil et on peut observer depuis une région de la Terre une éclipse de Soleil, partielle, annulaire ou totale, comme celle qui a été observée aux États-Unis le 8 avril dernier. Ce phénomène a lieu au minimum deux fois par an et au maximum cinq fois par an. Lors de la nouvelle lune, cette dernière n’est pas observable pour diverses raisons. En premier, car elle nous « tourne le dos » : en d’autres termes, sa face éclairée regarde le Soleil, alors que la face lunaire qui regarde la Terre est plongée dans la nuit, car non éclairée par le Soleil. Ensuite, parce que, du fait de sa grande proximité angulaire avec le Soleil ce jour-là, elle est forcément dans le ciel lorsqu’il fait jour, et que nous sommes éblouis par l’astre du jour. Les jours suivants, en tournant autour de la Terre, la Lune s’écarte de la position du Soleil. On peut commencer à l’observer le soir lorsqu’elle s’est suffisamment éloignée de la direction du Soleil sous la forme d’un premier croissant extrêmement fin, puis, environ sept jours plus tard, on perçoit 50 % de la surface lunaire éclairée lors de la phase de premier quartier. Entre la nouvelle lune et le premier quartier, lorsque la Lune est « âgée » de trois et quatre jours, on peut apercevoir le soir en première partie de nuit après le coucher du Soleil, cette fameuse lumière cendrée. Par quel miracle peut-on observer depuis la Terre un sol lunaire plongé dans l’obscurité ?

L’explication tient dans le fait que la planète Terre joue le rôle d’un miroir qui va réfléchir la lumière du Soleil, et que cette lumière réfléchie va éclairer la partie de la Lune plongée dans le noir. La surface de la Terre est en effet loin d’être sombre, puisque la présence de la mer sur 70 % de sa surface, ainsi que les nuages de couleur blanche, permettent à 37 % de la lumière solaire d’être réfléchie et renvoyée vers l’espace, et donc d’éclairer la face visible de la Lune.

Illustration de la lumière cendrée
Illustration de la lumière cendrée. Crédits ESO/L. Calçada (légendes IMCCE)

Qui verra-t-on ?

Le phénomène sera visible pendant deux jours dans les Gémeaux, le samedi 11 et le dimanche 12 mai 2024.

Le 12 mai, la Lune sera proche de l’étoile Pollux. Ce phénomène ne nécessite aucun instrument pour être admiré puisqu’il est bien visible à l’œil nu.

Configuration du ciel vers l’ouest le 11 mai 2024 vers 22 h 30 TLF avec la Lune et sa lumière cendrée dans les Gémeaux
Configuration du ciel vers l’ouest le 11 mai 2024 vers 22 h 30 TLF avec la Lune et sa lumière cendrée dans les Gémeaux. Crédits Stellarium

Toutefois, des jumelles pourront constituer une aide précieuse pour mieux profiter du spectacle. On pourra dès lors bien mieux distinguer la surface faiblement éclairée, les mers sombres en particulier.

ciel du mois

Phénomènes astronomiques

Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension droite.
Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.

1er mai

13 h 27 min 17 s Dernier quartier de lune.

4 mai

1 h 10 min 34 s Élongation minimale entre la Lune et Saturne, élongation : 0° 44,70′, élongation de la Lune au Soleil : 57° O.

21 h 08 min 20 s Élongation minimale entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 14,51′, élongation de la Lune au Soleil : 46° O.

5 mai

4 h 15 min 49 s Élongation minimale entre la Lune et Mars, élongation : 0° 10,28′, élongation de la Lune au Soleil : 42° O.

6 mai

0 h 04 min 17 s Lune au périgée, distance à la Terre : 363 163 km, diamètre apparent de la Lune : 32,89′.

7 h 21 min 50 s Élongation minimale entre la Lune et Mercure, élongation : 3° 22,61′, élongation de la Lune au Soleil : 26° O.

7 mai

15 h 34 min 03 s Élongation minimale entre la Lune et Vénus, élongation : 3° 13,16′, élongation de la Lune au Soleil : 8° O.

8 mai

5 h 21 min 56 s Nouvelle lune.

12 h 42 min 52 s Mars au périhélie, distance au Soleil : 1,381 50 au.

12 h 53 min 59 s Élongation minimale entre la Lune et Uranus, élongation : 3° 25,63′, élongation de la Lune au Soleil : 4° E.

18 h 00 min 44 s Élongation minimale entre la Lune et Jupiter, élongation : 4° 07,54′, élongation de la Lune au Soleil : 7° E.

9 mai

23 h 29 min 21 s Mercure en plus grande élongation : 26° 22′ O.

11 mai

9 h 40 min 50 s Déclinaison maximale de la Lune : + 28° 29′.

13 mai

11 h 13 min 24 s Uranus en conjonction, distance à la Terre : 20,602 424 513 au, diamètre apparent : 3,42″.

15 h 52 min 34 s Uranus à l’apogée, distance à la Terre : 20,602 41 au, diamètre apparent : 3,42″.

15 mai

13 h 48 min 00 s Premier quartier de lune.

17 mai

20 h 58 min 55 s Lune à l’apogée, distance à la Terre : 404 640 km, diamètre apparent de la Lune : 29,52′.

18 mai

13 h 56 min 49 s Élongation minimale entre Uranus et Vénus, élongation : 0° 26,85′, élongation de Vénus au Soleil : 5° O.

20 h 45 min 25 s Jupiter en conjonction, distance à la Terre : 6,027 351 871 au, diamètre apparent : 32,71″.

21 mai

3 h 45 min 44 s Jupiter à l’apogée, distance à la Terre : 6,027 88 au, diamètre apparent : 32,71″.

23 mai

10 h 19 min 13 s Élongation minimale entre Jupiter et Vénus, élongation : 0° 11,43′, élongation de Vénus au Soleil : 3° O.

15 h 53 min 09 s Pleine lune.

25 mai

21 h 50 min 03 s Déclinaison minimale de la Lune : − 28° 25′.

30 mai

19 h 12 min 40 s Dernier quartier de lune.

31 mai

9 h 25 min 58 s Élongation minimale entre Uranus et Mercure, élongation : 1° 16,67′, élongation de Mercure au Soleil : 16° O.

10 h 26 min 38 s Élongation minimale entre la Lune et Saturne, élongation : 0° 20,17′, élongation de la Lune au Soleil : 82° O.

Visibilité de la Lune et des planètes

Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations voisines. L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 mai 2024 à 22 h 00 UTC.

  • La Lune

    La Lune

    La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en approximativement 28 jours : c’est pourquoi l’on ne voit toujours que la même face de la Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre, la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au Soleil : le premier quartier, la pleine lune, le dernier quartier et la nouvelle lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les 29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.

    Invisible du matin du 6 mai
    au soir du 8 mai

    1Dernier quartier
    8Nouvelle lune
    15Premier quartier
    23Pleine lune
    30Dernier quartier
  • Mercure

    Mercure le 16 mai 2024

    Mercure

    Mercure n’est pas visible durant le mois de mai. Elle est dans la constellation des Poissons jusqu’au 18 mai, date à laquelle elle entre dans la constellation de la Baleine, qu’elle quitte le 19 mai pour entrer dans la constellation du Bélier jusqu’au 30 mai, date à laquelle elle entre dans la constellation du Taureau. Son mouvement est direct tout le mois. Le 9 mai, elle est en plus grande élongation ouest (26° 22′).

    Diamètre apparent : 7,1″

    Magnitude : 0,20

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Vénus

    Vénus le 16 mai 2024

    Vénus

    Vénus n’est pas visible durant le mois de mai. Elle est dans la constellation du Bélier jusqu’au 18 mai, date à laquelle elle entre dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 9,7″

    Magnitude : − 3,90

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Mars

    Mars le 16 mai 2024

    Mars

    Mars n’est pas visible durant le mois de mai. Elle se trouve dans la constellation des Poissons jusqu’au 9 mai, date à laquelle elle entre dans la constellation de la Baleine, qu’elle quitte le 13 mai pour retourner dans la constellation des Poissons. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 4,9″

    Magnitude :  1,05

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Jupiter

    Jupiter le 16 mai 2024

    Jupiter

    Jupiter est visible le soir au crépuscule jusqu’au 5 mai, date de son coucher héliaque du soir à Paris. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 32,7″

    Magnitude : − 2,00

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Saturne

    Saturne le 16 mai 2024

    Saturne

    Saturne est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt en seconde partie de nuit. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Verseau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 16,6″

    Magnitude : 1,16

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Uranus

    Uranus le 16 mai 2024

    Uranus

    Uranus est visible au crépuscule le soir jusqu’au 12 mai, date de son coucher cosmique du soir à Paris, puis le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 14 mai, date de son lever cosmique du matin à Paris. Elle est dans la constellation du Bélier jusqu’au 23 mai, date à laquelle elle entre dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 3,4″

    Magnitude : 5,84

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Neptune

    Neptune le 16 mai 2024

    Neptune

    Neptune est visible le matin en fin de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt en seconde partie de nuit. Elle est tout le mois dans la constellation des Poissons. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 2,2″

    Magnitude : 7,93

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    icone portail ssp

    Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.

Cartes du ciel

Cartes du ciel des étoiles brillantes et des planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 mai 2024.

  • Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français (UTC + 2 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord, au 15 mai 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français (UTC + 2 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud, au 15 mai 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord, au 15 mai 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud, au 15 mai 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Vue dans le plan de l’écliptique

    Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en début de nuit selon leur élongation et leur magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 mai 2024.

    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024
    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024. Crédits IMCCE
    Déplacement de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au cours du mois de mai 2024. Crédits IMCCE
  • Positions héliocentriques des planètes

    Les figures suivantes montrent la configuration dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024. Sur chaque orbite des planètes intérieures, l’intersection du segment et de l’orbite marque la position de la planète au premier jour du mois, et l’extrémité de la flèche marque celle au dernier jour du mois.

    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024
    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024. Crédits IMCCE
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2024. Crédits IMCCE

culture astronomique

Le Problème à trois corps de Liu Cixin

Illustration de Kepler-16b, une exoplanète orbitant autour de deux étoiles
Illustration de Kepler-16b, une exoplanète orbitant autour de deux étoiles. Crédits NASA/JPL

La mécanique céleste et le fameux problème des trois corps sont mis à l’honneur dans la série à grand spectacle de Netflix, tirée du roman éponyme de Liu Cixin. Ce dont les spectateurs ne se doutent pas, c’est que cette série crédite aussi l’IMCCE à travers la contribution d’Alain Chenciner : l’article qu’il a co-écrit avec Richard Montgomery et qui établit l’existence de la solution du problème des trois corps en forme de huit est cité dans le chapitre 16 du livre de Liu Cixin. Revenons sur le roman.

Cela commence mal, en tous cas dans les versions anglaise et française : fidèlement à la première publication en Chine dans la revue Le Monde de la science fiction, le roman s’ouvre sur l’évocation du meurtre du père de l’héroïne, Ye Wenjie, par les gardes rouges pendant la Révolution culturelle – cet épisode sera prudemment relégué au chapitre 7 par l’éditeur du livre en 2008. Et puis ce n’est pas un problème des trois corps, mais plutôt un problème (restreint) des quatre corps, puisque la planète Trisolaris tourne autour de 3 soleils.

Quoi qu’il en soit, l’impossibilité de prévoir à long terme les mouvements de cette planète ne laisse à ses habitants que deux solutions : celle, utilisée par de nombreuses générations, de dessications durant les périodes de températures extrêmes, et celle, plus radicale, de la colonisation d’une autre planète – en l’occurence la Terre, dont Ye Wenjie a envoyé les coordonnées dans l’espace pour se venger. C’est sous la forme d’un jeu de réalité virtuelle, destiné à recruter des Terriens favorables pour diverses raisons à l’invasion de la Terre par les Trisolariens, qu’apparaissent le problème mathématique et le comportement erratique de la plupart de ses solutions. Mais ce sont des menaces bien réelles que subit Wei Cheng, mathématicien surdoué : poussé par sa femme, la mystérieuse Shen Yufei, il recherche des solutions ayant une certaine forme de stabilité, comme celle dans laquelle trois soleils se poursuivent le long d’une courbe en forme de « huit » – solution à laquelle l’IMCCE, cité dans le roman, n’est pas étranger.

L’équilibre relatif colinéaire dans lequel la planète et les trois soleils sont alignés est lui aussi évoqué. Dans le chapitre 17, le jeu met en scène Newton et Leibniz se battant pour la priorité dans l’invention du calcul infinitésimal, seul à même de fournir l’outil nécessaire à la compréhension des solutions, ou encore John von Neuman construisant un délirant ordinateur formé de trente millions d’humains. Beaucoup d’autres noms sont également convoqués par le jeu : Copernic, Galilée, et même Einstein qui échoue lui aussi à résoudre le problème de prévision.

Foncièrement pessimiste, le message délivré par le roman est qu’il est nécessaire pour survivre de ne pas dévoiler les « coordonnées » de la Terre, et le cas échéant de détruire impérativement toute forme de civilisation extraterrestre qui en aurait connaissance. Ainsi, craignant que les scientifiques terriens ne parviennent à un degré de connaissance suffisant pour repousser leurs assauts à leur arrivée prévue dans plus de 400 ans, les Trisolariens mettent en jeu diverses techniques qui modifient la réalité et font ainsi douter du bien-fondé des théories scientifiques.

À voir la méfiance actuelle d’une grande partie de la population mondiale à l’égard de la science, qui sait si nous ne faisons pas partie du roman… ?

science en direct

Retour sur le workshop AstroGeo (8-12 avril 2024)

Photo de groupe du workshop AstroGeo 2024
Photo de groupe du workshop AstroGeo 2024. Crédits AstroGeo

Au sein du projet ERC AstroGeo, coordonné par Jacques Laskar (IMCCE/Observatoire de Paris), astronomes et géologues travaillent ensemble pour reconstituer l’histoire passée du Système solaire. Ils se réunissaient la semaine du 8 au 12 avril 2024 à l’Observatoire de Paris pour la troisième édition du workshop annuel du projet AstroGeo.

Selon la théorie de Milankovitch du climat, les grandes variations climatiques du passé résultent des variations de l’orbite et de l’orientation de la Terre, elle-mêmes modifiées par les interactions gravitationnelles avec les autres planètes et la Lune. L’ambition du projet AstroGeo est de retrouver le passé des orbites des planètes et de la Lune à travers la construction de modèles analytiques et numériques, et de contraindre ceux-ci par l’analyse des données sédimentaires cyclostratigraphiques du passé, sur des dizaines, et même centaines de millions d’années. Ces contraintes géologiques, seuls témoins de l’évolution passée du Système solaire, combinées aux modèles gravitationnels, doivent permettre de remonter le temps, bien au-delà de ce que rend possible l’application seule des lois de la mécanique céleste. Les astronomes ont donc renversé leur lunette, et recherchent le mouvement de la Lune et des planètes dans des forages sédimentaires, parfois profonds de plusieurs kilomètres.

Le workshop AstroGeo a rassemblé une vingtaine de chercheurs et étudiants en thèse, dans un esprit de collaboration entre les disciplines. Un film de 12 minutes, témoin de cette collaboration, a été réalisé pendant le workshop et posté sur la chaîne Youtube d’AstroGeo.

Les marées thermiques atmosphériques et la durée du jour

Diagramme représentant le système Terre-Soleil en vue de dessus. Le bourrelet de marée thermique généré par la différence d’insolation entre le côté jour et le côté nuit (ovale bleu) 
							est en avance par rapport à la direction du Soleil et crée donc un couple accélérateur pour la rotation de la Terre.
Diagramme représentant le système Terre-Soleil en vue de dessus. Le bourrelet de marée thermique généré par la différence d’insolation entre le côté jour et le côté nuit (ovale bleu) est en avance par rapport à la direction du Soleil et crée donc un couple accélérateur pour la rotation de la Terre.

Crédits J. Laskar/IMCCE

La friction de marée solide et océanique ralentit actuellement la rotation de la Terre de 2 millisecondes par siècle. Ainsi, la durée du jour était plus courte dans le passé. Cependant, un autre effet de marée, l’effet de marée thermique atmosphérique, a un effet contraire en accélérant la rotation de la Terre.

Certains chercheurs ont émis l’idée qu’il y avait eu une amplification de cet effet dans le passé, ce qui aurait pu bloquer la vitesse de rotation de la Terre pendant une très longue durée. Des travaux convergents, publiés notamment dans Nature Geoscience et Science Advances pendant l’été 2023, ont soutenu cette hypothèse. Contrairement à ce qui pourrait sembler être un consensus, les travaux menés par les chercheurs de l’IMCCE, dont les résultats viennent d’être publiés dans Astronomy and Astrophysics et Sedimentologika, montrent au contraire que ce scénario est peu probable.

Dès 1882, Sir William Thomson, futur Lord Kelvin, avait remarqué que le cycle jour-nuit s’accompagnait d’une oscillation très régulière de la température et de la pression atmosphérique de surface. Perspicace, il en avait déduit que le phénomène associé à ces variations, bien que semblable à celui des marées océaniques, n’était pas causé par les forces gravitationnelles de la Lune et du Soleil, mais par la variation d’insolation entre le jour et la nuit. Franchissant une étape supplémentaire dans la compréhension de ces marées thermiques, il était même allé jusqu’à estimer leur effet accélérateur sur la rotation terrestre à environ 0,15 milliseconde par siècle, un résultat remarquablement proche des estimations actuelles (~ 0,13 milliseconde par siècle).

Le mécanisme des marées thermiques atmosphériques est analogue à celui des marées océaniques. Pendant la journée, l’atmosphère se dilate sous l’effet de son chauffage par le Soleil en raison de la compressibilité de l’air. Pendant la nuit, elle se contracte en se refroidissant. Cette réponse thermomécanique s’accompagne d’une redistribution de la masse de l’atmosphère à l’échelle de la planète, avec un déficit de matière côté nuit et un surplus côté jour. En outre, les modes propres atmosphériques forcés qui la constituent peuvent entrer en résonance si la période de rotation devient égale à certaines périodes particulières. La marée thermique semi-diurne se trouve ainsi dominée par une onde de compressibilité d’échelle planétaire, appelée onde de Lamb, qui entre en résonance pour une durée du jour d’environ 21 heures, soit légèrement inférieure à la durée du jour actuelle.

Ayant relevé cette propriété remarquable, Walker et Zahnle ont suggéré en 1987 que la durée du jour pouvait avoir été bloquée dans son évolution pendant plusieurs centaines de millions d’années à l’époque précambrienne (4,5 milliards à 540 millions d’années avant notre ère) en raison d’un équilibre temporaire entre le freinage induit par des marées océaniques moins fortes qu’aujourd’hui et l’accélération résultant de marées thermiques amplifiées par la résonance de l’onde de Lamb. Cette hypothèse, restée en suspens trois décennies durant avant d’être reprise par Bartlett et Stevenson en 2016, vient de se retrouver très récemment au cœur de l’actualité scientifique avec deux publications parues au début de l’été 2023 : la première dans Nature Geoscience (Mitchell & Kirscher 2023) (voir figure), la seconde dans Science Advances (Wu et al. 2023).

Ces études, malgré des méthodes distinctes, concluent toutes deux au blocage de l’évolution de la rotation terrestre par les marées thermiques durant près d’un milliard d’années, marquant ainsi le début d’un apparent consensus scientifique sur la question. Ce consensus n’aura en fait pas duré une semaine, et les travaux réalisés dans la même période par l’équipe d’astronomes et de géologues de l’IMCCE contredisent ces résultats. Menés dans le cadre du projet ERC AstroGeo, dont l’objectif est de reconstituer l’évolution du système Terre-Lune sur 4,5 milliards d’années, les travaux de l’IMCCE analysent en détail le phénomène de la résonance de l’onde de Lamb et du blocage de la durée du jour à travers une approche fondamentale prenant appui sur la résolution analytique des équations d’ondes dans l’atmosphère. Sans pour autant remettre en cause l’existence des effets des marées thermiques sur la rotation terrestre, ils montrent que l’hypothèse du blocage requiert des conditions climatiques extrêmes et relativement éloignées des contraintes fournies par les modèles de circulation générale. Les données géologiques les plus fiables ne soutiennent pas non plus l’existence de ce palier dans la variation de la vitesse de rotation de la Terre au Précambrien (voir figure). Dans l’état actuel des connaissances, l’hypothèse d’un arrêt de la variation de la durée du jour au Précambrien est donc fort peu probable.

Évolution de la durée du jour sur 2 500 millions
									d’années (Ma). Dans cette figure issue de l’article de Mitchell & Kirscher 2023, les
									auteurs ont fait figurer les indicateurs de la durée du jour issus des données
									géologiques disponibles. En ajustant des segments de droites sur ces données pour
									trouver l’évolution moyenne de la durée du jour, ils y voient un plateau, entre 1 Ga
									et 2 Ga, indice d’un arrêt durant cette période de l’évolution de la durée du jour.
									Mais si on retire de ces données, les résultats issus de l’analyse de couches de
									stromatolites obtenues par Pannella (1972a,b), cette « preuve » s’effondre et on
									constate que la solution établie par Farhat <i>et al.</i> (2022) à partir de la théorie des
									marées océaniques (ligne violette), sans ajustement aux données géologiques,
									coïncide encore mieux avec l’ensemble des données les plus fiables (ronds bleus,
									rouges et orange).
Évolution de la durée du jour sur 2 500 millions d’années (Ma). Dans cette figure issue de l’article de Mitchell & Kirscher 2023, les auteurs ont fait figurer les indicateurs de la durée du jour issus des données géologiques disponibles. En ajustant des segments de droites sur ces données pour trouver l’évolution moyenne de la durée du jour, ils y voient un plateau, entre 1 Ga et 2 Ga, indice d’un arrêt durant cette période de l’évolution de la durée du jour. Mais si on retire de ces données, les résultats issus de l’analyse de couches de stromatolites obtenues par Pannella (1972a,b), cette « preuve » s’effondre et on constate que la solution établie par Farhat et al. (2022) à partir de la théorie des marées océaniques (ligne violette), sans ajustement aux données géologiques, coïncide encore mieux avec l’ensemble des données les plus fiables (ronds bleus, rouges et orange). CC BY Mitchell and Kirscher (2023), adapted by Laskar et al., 2024

Notre compréhension du rôle qu’ont pu jouer les marées thermiques dans l’histoire de la Terre demeure cependant incomplète, plus de 140 ans après les observations de Lord Kelvin, ce qui laisse augurer dans les années à venir la publication de nombreux autres travaux de recherche, aussi bien sur les modèles théoriques que sur l’obtention de nouvelles données géologiques, pour clore définitivement cette controverse.

Ce travail a bénéficié du soutien de l’ANR AstroMeso et de l’ERC AstroGeo.

en savoir plus

Séminaires & conférences

  • Temps – Espace – Société

    Mardi 7 mai 2024 – 14 h

    There is still some order out of this chaos!

    Federico Mogavero (IMCCE/Observatoire de Paris)

    Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue Denfert Rochereau, 75014 Paris

    Dans le cadre du plan Vigipirate, merci aux extérieurs de l’Observatoire de Paris de bien vouloir s’inscrire à l’avance sur le site indico

  • Bureau des longitudes

    Mercredi 15 mai 2024 – 14 h 30

    Dévoiler le côté sombre de l’Univers : une révolution avec la mission Euclid

    Clotilde Laigle (Institut d’astrophysique de Paris)

    École normale supérieure, salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

    Entrée libre. Renseignements par téléphone au 06 11 27 71 83
    ou par mail à l’adresse renseignements@bureau-des-longitudes.fr

  • Grand public

    Jeudi 16 mai 2024 – 14 h 15

    Connaissance du Système solaire

    Jean-Eudes Arlot (IMCCE)

    Université du temps libre de Nogent-le-Rotrou

    Cinéma Le Rex, 26 place du 11 août, 28400 Nogent-le-Rotrou
    https://utl-nogent.com

Astro en images

Sur les pavés de Guadalajara

Bande de centralité de l’éclipse totale de Soleil du 8 avril 2024, au-dessus du Mexique dans la région de Guadalajara
Bande de centralité de l’éclipse totale de Soleil du 8 avril 2024, au-dessus du Mexique dans la région de Guadalajara. Crédits IMCCE

Le 8 avril dernier, une éclipse totale de Soleil a balayé le continent nord-américain. Les images spectaculaires de la couronne solaire surgissant de l’obscurité provoquée par la disparition du Soleil derrière le disque lunaire, pour qui se trouvait dans le ruban de la totalité, ont fait le tour d’Internet.

Hors de ce ruban, l’éclipse était partielle : au maximum, le Soleil était toujours présent sous la forme d’un croissant plus ou moins imposant. Curieux échanges des rôles que de voir le Soleil en croissant quand la Lune est nouvelle.

À Guadalajara, l’éclipse fut partielle, avec 90,5 % d’obscuration à son maximum au moment auquel le Soleil était encore très haut dans le ciel, à plus de 73° de hauteur vers midi en heure locale. Si le spectacle était dans le ciel, il était aussi… au sol, infiniment plus poétique, rappelant les vers de Baudelaire dans son évocation du Soleil :

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,

Il ennoblit le sort des choses les plus viles,

Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,

Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Sous un majestueux ficus de l’hôpital Materno Infantil Lopez Mateos de Guadalajara, des croissants de lumière jonchent les larges pavés, comme autant de clins d’œil de la Lune au Soleil. Plus prosaïquement, ce phénomène lumineux est dénommé sténopé, c’est le principe de la camera obscura. Chacun de ces petits croissants de lumière est une image inversée du Soleil éclipsé produite par un interstice de l’épais feuillage du ficus par lequel les traits du Soleil trouvent leur chemin pour venir frapper le sol pavé. Physiquement, il résulte du fait que la lumière se déplace en ligne droite, c’est bien pourquoi, dans le langage courant, nous parlons de ses rayons lumineux. Le principe de la camera obscura est illustré pour la première fois dans un ouvrage de l’astronome Gemma Frisius De Radio Astronomico et Geometrico publié en 1545. Il avait à cet effet mis en application une idée de son professeur, Erasmus Reinhold, proposant l’usage du principe de la camera obscura pour l’observation des éclipses de Soleil. Le trajet en lignes droites des rayons du Soleil passant par un petit orifice produit une image inversée du Soleil qui se projette sur un mur réceptacle ou sur un écran permettant l’observation du Soleil en toute sécurité. Bien évidemment, plus l’orifice est grand, plus l’image s’estompe du fait de la multiplicité des rayons lumineux, jusqu’à disparaître complètement. Par la suite, des dispositifs similaires seront utilisés par Copernic, Tycho Brahe et Kepler.

Principe de la <i>camera obscura</i> utilisée à l’occasion de l’éclipse de Soleil du 24 janvier 1544 par l’astronome Reinerus Gemma Frisius à Louvain. Il publia cette illustration dans son livre <i>De Radio Astronomico et Geometrico</i> (1545). 
								Il s’agit sans doute de la première illustration publiée d’une <i>camera obscura</i>.
Principe de la camera obscura utilisée à l’occasion de l’éclipse de Soleil du 24 janvier 1544 par l’astronome Reinerus Gemma Frisius à Louvain. Il publia cette illustration dans son livre De Radio Astronomico et Geometrico (1545). Il s’agit sans doute de la première illustration publiée d’une camera obscura. Domaine public
Aspect de l’éclipse vue depuis Guadalajara.
Aspect de l’éclipse vue depuis Guadalajara. Crédits IMCCE

Le phénomène est connu depuis au moins l’Antiquité. Aristote affirmait déjà dans De la nature qu’il est possible de « garder le dessin du Soleil et de la Lune saisi à travers n’importe quel orifice ». Cette constatation était le résultat de l’image écornée du Soleil produite à travers une petite ouverture ou encore le feuillage dense d’un arbre durant une éclipse de Soleil. Il devine ainsi la propagation de la lumière en ligne droite qui sera démontrée vers l’an 1000 par Ibn al-Haytham, connu dans l’Occident médiéval sous le nom d’Alhazen. Aristote établit ainsi clairement un lien entre l’optique et l’astronomie. Peu de temps après, Euclide, l’un des premiers mathématiciens de l’école d’Alexandrie, expose également dans son Optique que la lumière se propage en ligne droite. Il introduit alors le concept de rayons visuels, « filets élémentaires de lumière », bien qu’il présuppose que les rayons partent de l’œil, et non l’inverse qui sera affirmé par Alhazen treize siècles plus tard par des expériences de souffrance oculaire ressentie lorsqu’on regarde une source de lumière brillante. Il réalise l’expérience de la camera obscura en montrant que la lumière issue de plusieurs chandelles ne se mélange pas dans l’air. Il en conclut la trajectoire rectiligne suivie par les rayons lumineux indépendamment de toute autre source de lumière ; pour autant, il ne remarque pas l’aspect renversé de l’image ou du moins n’en fait pas état.